La réadaptation pré-opératoire globale pour des séjours écourtés
La réadaptation préopératoire de l’ensemble du corps – par des exercices, étirements et activités fonctionnelles – génère des gains considérables, réduisant la durée de séjour hospitalier et limitant considérablement le risque de complications subséquentes.
C’est ce que révèle une vaste revue de la littérature menée par des chercheurs de l’Université York à Toronto.
« La littérature scientifique fournit des évidences claires quant aux bénéfices de la réadaptation pré-opératoire globale. Des gains significatifs sont notés, de par une durée de séjour écourtée. D’autres demeurent à explorer, en matière d’amélioration de la condition physique.», affirment les auteurs.
De là à recommander son intégration dans les services de physiothérapie ? Un pas que ne franchissent pas les experts qui ont mené à terme ce projet d’étude.
Néanmoins, leur initiative constitue une des premières évidences des bénéfices objectivés de la réadaptation globale en période préopératoire.
La réadaptation précoce bien ancrée
La période aiguë suivant une intervention chirurgicale est charnière au retour à domicile des patients hospitalisés. En absence de mobilisation, des pertes fonctionnelles sont subies de façon assez importante [1].
La réadaptation préopératoire, de par la prescription d’exercices – musculaires comme respiratoires – avant les interventions, vise à pallier les séquelles de l’alitement prolongé.
Cliniquement comme scientifiquement, les gains sont notés par les patients et objectivés par les professionnels de la physiothérapie [2].
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Les protocoles de prise en charge présentement implémentés sont spécifiques à l’articulation qui sera opérée. Il est routinier d’offrir des exercices de renforcement du quadriceps en vue d’une arthroplastie de la hanche [3]. Cependant, rares sont les cliniciens qui recommandent des exercices aux membres supérieurs lorsque l’intervention se fera, par exemple, à la cheville.
Une approche de réadaptation globale
La question qui se pose actuellement est donc de savoir si les bénéfices associés à une réadaptation préopératoire de l’ensemble du corps – membres inférieurs comme supérieurs – est réellement bénéfique.
Et celle-ci, outre-passe la simple mise en charge. Il est davantage question d’exercices actifs et passifs aux articulations qui ne sont pas environnantes.
C’est précisément ce qui a intrigué des experts provenant des départements de chirurgie, d’oncologie et de kinésiologie de l’Université York et de l’Université de Toronto [4]
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Portant sur la littérature scientifique publiée depuis 1950, la méta-analyse s’est penchée sur un total de 4596 publications, dont 21 ont finalement été retenues. C’est donc un total de 699 patients qui ont pu être étudiés.
La population étudiée était composée d’adultes sous le point de subir une intervention chirurgicale curative ou palliative. Parmi celles-ci, seuls 2 patients ont vu leur condition se détériorer, en lien avec une intervention précoce.
Premier constat, les douleurs postopératoires étaient beaucoup moins présentes chez les patients ayant été exposés à une réadaptation préopératoire globale. Mesurée à 4 semaines et 26 semaines postopératoires, elle était inférieure aux deux temps.
Second constat, les gains les plus intéressants et objectivés plus solidement sont en terme de durée de séjour et de réduction de complications.
Une modalité à intégrer avec parcimonie
Alors, devriez-vous recommander cette modalité globale à tous vos patients ? Les auteurs recommandent de considérer la réadaptation globale comme un outil, sans pour autant insister sur son implémentation à grande échelle puisque les évidences sont limitées.
Une des limites évidentes de l’étude, de l’aveu même des auteurs, est qu’il est difficile de corréler les gains et l’intervention généralisée puisque le programme de réadaptation global inclut, bien évidemment, la réadaptation du membre opéré.
Cliniquement, il est aussi évident que le temps accordé à chaque patient est limité et que l’accent devrait être mis sur les interventions reposant sur des assises scientifiques solides.
Finalement, les auteurs émettent des réserves quant à l’extrapolation des résultats auprès des clientèles variées, souffrant d’affections cardiaques ou neurologiques.
Cette étude canadienne a été menée par nos collègues ontariens du centre de cancérologie Princess Margaret Cancer Center.
Sous la direction du Dr. Daniel Santa Mina [5], elle est publiée dans la revue britannique Physiotherapy, publiée par la Chartered Society of Physiotherapy.
Références
- F. Carli, N. Mayo. Measuring the outcome of surgical procedures: what are the challenges?. Br J Anaesth, 87 (2001), pp. 531–533 (Lien) ↩
- F. Carli, G.S. Zavorsky. Optimizing functional exercise capacity in the elderly surgical population. Curr Opin Clin Nutr Metab Care, 8 (2005), pp. 23–32. (Lien) ↩
- L.W. Jones & al.Effects of presurgical exercise training on cardiorespiratory fitness among patients undergoing thoracic surgery for malignant lung lesions. Cancer, 110 (2007), pp. 590–598 (Lien) ↩
- Santa Miha & al. 2013. Effect of total-body prehabilitation on postoperative outcomes: a systematic review and meta-analysis. Physiotherapy. Volume 100, Issue 3, September 2014, Pages 196–207 (Lien) ↩
- Portrait du Dr. Daniel Santa Mina (Lien) ↩