Un supplément naturel soulagerait l’arthrose canine
L’équipe d’Éric Troncy, professeur à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal, a mesuré l’efficacité d’une combinaison de plantes sur la motricité des chiens atteints d’arthrose. La question que se pose probablement plusieurs physiothérapeutes est la suivante : les produits testés sur ces chiens pourraient-ils s’avérer efficaces chez les humains atteints d’arthrose?
«Le modèle d’évaluation que nous avons établi est le plus prédictif de l’efficacité des produits anti-arthrosiques, tel que le montre une méta-analyse de Maxime Moreau publiée en 2013 en collaboration avec l’Unité de recherche en arthrose du Centre de recherche du CHUM, conclut Éric Troncy. On peut ainsi penser qu’en effectuant des essais cliniques il y aurait de bonnes chances d’obtenir des résultats positifs chez l’humain.»
Arthrose canine
L’être humain n’est pas le seul à souffrir d’arthrose en vieillissant. Il est fréquent que son meilleur ami quadrupède souffre aussi de cette maladie qui affecte les articulations.
Tant pour le chien que pour l’humain, aucun remède ne permet d’en guérir, mais un produit à base de plantes médicinales et de nutraceutiques est efficace pour en atténuer les symptômes chez Fido, sans effet indésirable.
C’est ce qu’a démontré le professeur Troncy et son équipe de chercheurs grâce à la participation de 32 chiens âgés d’environ six ans, pesant tous plus de 20 kilos et ayant reçu un diagnostic d’arthrose à la suite de radiographies.
L’acupuncture et la physiothérapie avec stimulation électrique sont deux approches qui ont déjà été testées positivement sur des chiens souffrant d’arthrose, «mais aucune étude n’avait été menée pour évaluer une approche phytothérapeutique», soutient M. Troncy pour expliquer sa démarche scientifique.
Il s’est donc appliqué à trouver des combinaisons de plantes en scrutant des études menées sur des rongeurs, ainsi qu’en consultant d’autres chercheurs du domaine phytothérapeutique, dont le professeur Pierre Haddad, du Département de pharmacologie de l’UdeM.
Deux produits testés
À la suite de ces recherches, M. Troncy a choisi d’évaluer deux formules non commercialisées.
La première – composée notamment de curcumin, de griffe du diable, de cassis, d’encens indien (Salai), d’écorce de saule, de bromélaïne d’ananas et de camomille – visait à réduire l’inflammation causée par l’arthrose.
La seconde comprenait les mêmes ingrédients auxquels on a ajouté des nutraceutiques tels des oméga-3, de la chondroïtine et de la glutamine, et visait la régénération des articulations.
La moitié des chiens a reçu la première combinaison pendant quatre semaines, puis la deuxième durant les quatre semaines suivantes. Pendant ce temps, les autres chiens recevaient un contrôle négatif (placébo).
Mesure de l’amélioration de l’état des chiens
Éric Troncy a utilisé trois méthodes pour vérifier si la prise de ces deux produits était associée à une amélioration de l’état des chiens.
La première, qui consiste à faire trotter le chien sur un plateau semblable à un tapis roulant, capte les forces que chacune des pattes de l’animal impose au sol en se déplaçant à une vitesse constante. L’analyse cinétique de la démarche, appuyée par cinq essais, et a été complétée avant le début du traitement, puis à des étapes ultérieures.
Dès la quatrième semaine, une amélioration était perceptible. «Et, après huit semaines, 35,8 % des chiens qui avaient reçu un placébo ont vu leur état se détériorer, comparativement à aucun dans le groupe traité, indique Maxime Moreau, doctorant finissant ayant pris part à l’étude. Mieux encore, le groupe traité a connu une amélioration moyenne de son état équivalente à un kilo de force additionnelle exercée sur le membre le plus atteint, ce qui est énorme.»
Et cette amélioration sur le plateau s’est transposée dans le quotidien des chiens, laquelle a été mesurée grâce à une puce télémétrique intégrée à leur collier et agissant un peu comme un podomètre.
«Dans certains cas, on a filmé les chiens en continu pour distinguer les signaux qui ne découlaient pas d’une activité physique mais d’un mouvement, comme se gratter ou lever la patte», poursuit M. Troncy.
Résultat : les chiens traités ont maintenu leur activité physique quotidienne, la moyenne du groupe passant de plus de six heures d’activité par jour à quelque huit heures après huit semaines, tandis qu’à l’inverse ceux ayant reçu le placébo ont vu leur invalidité s’accroître.
Enfin, la troisième mesure consistait à demander aux maîtres d’évaluer l’amélioration des capacités de leur animal de compagnie. «C’est une valeur plus subjective et les résultats étaient mitigés quand on comparait le groupe traité avec le groupe non traité, interprète le chercheur. On soupçonne que le maître peut avoir oublié comment se comportait l’animal avant de souffrir d’arthrose.»
Les résultats de cette étude ont été publiés récemment dans le journal Research in Veterinary Science.