L’obésité liée à un risque accru de pathologies musculosquelettiques
L’obésité et le surpoids sont des problématiques de santé dont sont conscients un nombre grandissant de patients, de par les recommandations de leur physiothérapeute, mais également grâce à des initiatives en santé publique.
Il est accepté et largement connu que l’obésité est un facteur prédictif d’un nombre incalculable de désordres physiques et métaboliques : diabète, cancer, infarctus, etc. Ces réalités exercent une pression constante sur le réseau de la santé, dont les finances sont précaires.
Le rôle de l’obésité dans le développement et la guérison des maladies orthopédiques est un parent pauvre de ces campagnes d’éducation, puisque beaucoup moins publicisé.
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Dr. William Mihalko, chirurgien-orthopédiste ayant oeuvré auprès d’athlètes professionnels, affirme à ce propos que « l’obésité est accompagnée d’une importante comorbidité qui a un impact considérable sur le pronostic post-opératoire dans le cas de chirurgies orthopédiques électives. »
Lui et ses collègues se sont penchés sur la question en publiant un article intitulé « Obesity, Orthopaedics and Outcomes ». Sous presse aux éditions du Journal de l’Association américaine des chirurgiens orthopédiques (JAOOS), il suggère que les patients obèses sont sujets à un nombre beaucoup plus important de complications post-chirurgicales.
Des douleurs augmentées
L’obésité est un facteur de risque contribuant à la douleur. Les adolescents qui en sont atteints développent plus de douleurs musculo-squelettiques chroniques que la moyenne des patients de leur groupe d’âge. Quant à eux, les aînés obèses ont près de deux fois plus de douleurs que leurs comparses dont le poids est considéré cliniquement normal.
Chez les patients de l’âge d’or, l’obésité est synonyme de douleurs localisées aux tissus mous – tendineuses ou ligamentaires – et génère une détérioration musculaire pouvant mener à des affections beaucoup plus graves, telles que la fibromyalgie.
Une ostéoarthrite précoce
Chaque livre de poids corporel additionnel placerait une charge de 4 à 6 livres sur chacune des articulations du genou. Les études rapportent que l’excédent de poids augmente la pression à l’articulation et facilite l’érosion des plateaux tibiaux.
Qui plus est, le développement de l’ostéoarthrite et le besoin de prothèse totale du genou (PTG) sont beaucoup plus précoces chez cette patientèle.
En comparaison avec les personnes ayant un indice de masse corporelle (IMC) considéré normal, soit entre 18.5 et 24.9, les patients ayant un IMC supérieur à 30 sont au moins 8.5 fois plus à risque de nécessiter une PTG.
Des blessures récidivantes
En plus d’augmenter le risque de lésion des tissus mous, le surpoids est aussi corrélé à des blessures plus nombreuses. Un surpoids génère ainsi 15% plus de blessures musculo-squelettiques alors que l’obésité est corrélée à près de 50% plus d’incidents du genre, en comparaison avec une population au poids cliniquement normal.
1,6 millions d’obèses au Québec
Il y a quelques semaines, se déroulait à Montréal le 19e Congrès mondial de la Fédération internationale pour la chirurgie de l’obésité et les désordres métaboliques. Dr. Michel Gagner, chirurgien qui a agit en tant qu’orateur pour l’événement, a réclamé de toute urgence l’instigation d’une politique nationale pour gérer l’épidémie d’obésité au Québec.
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En entrevue avec Ariane Lacoursière du quotidien La Presse, il rapportait, à propos du recensement de 1,6 millions de québécois obèses, que «ce sont des chiffres astronomiques» en prévenant que «ça va coûter des milliards au système de santé si on ne fait rien et qu’on n’adopte pas des approches plus préventives».