L’exercice aérobique comme piste de traitement pour les commotions cérébrales
Il existe un lien clair entre le dommage répandu de la substance blanche et le déclin de la mémoire, des capacités d’apprentissage, de l’attention et de la vitesse d’exécution retrouvé chez les anciens athlètes sexagénaires ayant subi une commotion cérébrale au cours de leur vingtaine. C’est ce que révèle une vaste étude menée par Dr. Louis de Beaumont et dont les conclusions ont été publiées par la prestigieuse revue britannique Brain. [1]
« La présente recherche nous permet d’identifier que le dommage causé à la substance blanche à la suite d’une commotion cérébrale durant la vingtaine, s’accentue avec l’avancement de l’âge chez ces athlètes et constitue un facteur déterminant du déclin cognitif et moteur des décennies plus tard», explique Dr. De Beaumont. [2]
Les commotions cérébrales mènent à un vieillissement précoce
Les participants du groupe étaient des hommes âgés entre 51 et 75 ans qui avaient évolué dans les ligues universitaires de hockey et de football durant leurs études. L’arrivée de nouveaux outils plus puissants en neuro-imagerie ont permis d’investiguer l’intégral du cerveau humain et ainsi, de détecter les anomalies de la substance blanche résultant d’une commotion cérébrale.
Cette donnée a été recueillie auprès d’anciens athlètes qui ne présentaient au moment de leur évaluation aucun problème de santé ou antécédents médicaux prédisposant au développement de maladies du cerveau.
« Ultimement, cette découverte d’un important maillon manquant de la pathologie de la commotion cérébrale identifie une cible thérapeutique pour les athlètes commotionnés visant à freiner, voire même renverser, le processus de dégénérescence de la substance blanche du cerveau à la suite d’une commotion cérébrale, lequel est au moins en partie responsable du déclin prématuré aux plans cognitif et moteur » explique l’instigateur de l’étude.
Des pistes de traitements intéressantes
Les conclusions suscitent donc les fondements potentiels de certaines pistes de traitement. En stimulant la substance blanche de façon précoce, il serait possible d’éviter les déclins normalement vus.
« Pour freiner le processus pathologique affectant la substance blanche, plusieurs avenues peuvent être explorées. Parmi celles-ci, la stimulation transcrânienne, qui permet d’augmenter l’excitabilité neurale et de réduire la dégradation en cours. En quelque sorte, il se produit une dépolarisation des neurones qui sont entre la vie et la mort. L’application de cette modalité se ferait sous supervision.»
L’exercice aérobique de haute intensité
Une seconde avenue, beaucoup plus intéressante pour les physiothérapeutes et leurs patients, consiste à la réalisation d’activités aérobiques de haute intensité. En effet, suite à la résolution des symptômes, ces exercices permettraient d’augmenter l’excitabilité corticale et pourraient freiner le processus dégénératif post-traumatique.
« Après une commotion cérébrale, nous pourrions intégrer des activités aérobiques à trės haute intensité. Celles-ci permettraient d’augmenter l’excitabilité corticale et de freiner le processus dégénératif associé à la substance blanche.»
À savoir si l’application clinique de ces conclusions est possible à court terme, Dr. De Beaumont affirme avoir ressenti une grande ouverture des fédérations sportives à ce sujet.
Dr. Louis de Beaumont
Dr. De Beaumont [3]est un ancien athlète ayant lui-même souffert de commotions cérébrales. Il est une figure de renom dans le secteur puisqu’agissant en tant que neuropsychologue, chercheur au Centre recherche de l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal et titulaire de la Chaire de recherche de l’Université du Québec à Trois-Rivières en neurobiologie du traumatisme craniocérébral léger.
Cette étude vient complémenter des découvertes réalisées par son équipe, il y a quelques années.
« En 2009, notre équipe de recherche avait démontré pour la toute première fois que les athlètes ayant subi une ou des commotions cérébrales durant leur carrière présentent, en vieillissant, un risque de voir leurs fonctions motrices et cognitives, tels l’attention, la mémoire et la vitesse d’exécution de mouvements répétitifs, se détériorer plus rapidement que chez les athlètes n’en ayant pas subies » explique-t-il.