Le goût de l’or
5 janvier 2014. En sol suédois, Équipe Canada junior (ECJ) subissait une fracture profonde, aussi inattendue que douloureuse. La disette se poursuivrait donc avec une défaite contre la Russie. Un an plus tard, sous la gouverne de Benoit Groulx, l’équipe n’avait plus rien à perdre. Sa troupe a eu le dessus sur les Russes, brillant de façon impressionnante. Difficile d’imaginer une meilleure fin à ces Championnats mondiaux juniors de hockey, entamés avec sept victoires consécutives.
Dans un Centre Air Canada bondé et sous le regard attentif de milliers de partisans, une équipe tout sourire resplendissait. Signe que le goût de l’or panse les plaies. Ces dernières ont reçu toute l’attention de Michaël Morin, physiothérapeute de l’équipe. Aux premières loges, il a assuré la prise en charge et l’administration des soins aux athlètes.
De la pédiatrie au sportif
Ce clinicien chevronné s’implique en physiothérapie sportive depuis ses études en physiothérapie. Durant son baccalauréat, il a agi en tant qu’étudiant-soigneur auprès du Blizzard du Séminaire Saint-François.
Son diplôme en main, il décroche un emploi à temps plein, au sein d’une clinique privée de la région de Québec. En parallèle, il agit comme soigneur dans la Ligue nord-américaine de hockey (LNAH).
« En 2010, grâce à ces expériences, j’ai pu intégrer la LHJMQ, avec les Cataractes de Shawinigan. L’expérience a très bien débuté, puisque nous nous sommes rendus à la Coupe Memorial. Cinq années plus tard, je suis fier d’encore faire partie de cette superbe équipe. Au fil de ces expériences, j’ai travaillé pour l’Équipe Québec de moins de 17 ans. Cela m’a permis de rencontrer des personnes de Hockey Canada, puis d’être invité à les joindre », ajoute celui qui est surnommé le Patch Adams de Shawinigan.
S’outiller pour mieux soigner
Selon les dires du principal intéressé, la formation continue représente un enjeu important, dans lequel il s’investit de façon active. Dans cette perspective, il a suivi quelques formations en massage pré et post-compétition. Il prévoit prochainement suivre un cours portant sur le dry needling.
« Plus un physiothérapeute est outillé, plus les athlètes sont satisfaits et en confiance, mieux sont les performances de l’équipe. »
Malgré son emploi du temps chaotique et non traditionnel, il tente de prendre les mesures nécessaires pour adapter son horaire aux cours pertinents. Ainsi, il affirme avoir pris une entente pour la réalisation de sa formation en thérapie manuelle.
Ayant complété son examen théorique avec succès, il compte passer son examen pratique, afin d’être éligible à l’obtention du titre de Spécialiste en physiothérapie sportive, émis par l’Association canadienne de physiothérapie (ACP). Des formations qu’il croit bénéfiques, tant au niveau clinique que lorsque vient le temps de convoiter des postes prestigieux.
Du circuit Courteau aux mondiaux
Le pas à franchir peut sembler déstabilisant, et avec raison. Soigner et prendre en charge une équipe nationale, lorsque les enjeux sont internationaux, a de quoi donner le vertige. Pourtant, M. Morin considère que le passage des Cataractes de Shawinigan à Équipe Canada junior (ECJ) est beaucoup plus teinté de similarités que de différences.
«Dans les deux cas, ce sont des jeunes athlètes qui adorent le hockey. À ces niveaux, la performance et la passion sont immanquablement présentes.»
De son propre aveu, la course contre la montre est un défi persistant. Il est inconcevable de jouer 7 parties en 9 soirs, dans la LHJMQ. C’est ce qui se produit dans un championnat mondial. Cela change la donne au niveau de la gestion de l’énergie et de la fatigue, des recommandations en lien avec les étirements et le renforcement. Évidemment, les athlètes deviennent plus à risque de développer certaines blessures. Et le retour au jeu lui ?
« La gestion du retour au jeu est similaire et elle se prend de concert entre le physiothérapeute et le médecin. La priorité est de retourner le joueur sur la glace sans que sa condition de santé ne se dégrade. C’est un processus dans lequel on informe les entraîneurs et parents.»
Se donner sans cesse
Cette aventure fructueuse vient couronner un parcours parsemé d’efforts et de succès. Après avoir remporté les championnats mondiaux des moins de 18 ans, puis des moins de 20 ans, en plus de la Coupe Memorial, la feuille de route a de quoi impressionner.
« Ce n’est pas le physiothérapeute qui décide de sa destinée. On se fait inviter parce qu’on est passionné. »
Les deux pieds sur terre, Michaël Morin se concentre sur ce qu’il peut contrôler, simplement. Il ne souhaite donc pas rêver d’un poste en particulier, mais avoue que si des portes s’ouvrent, il saura saisir l’opportunité avec plaisir. Entre temps, il se dit ravi de faire partie des Cataractes et de s’impliquer avec l’équipe nationale canadienne.