Fusion sur fond de tensions linguistiques à Constance-Lethbridge
Le conseil d’administration du Centre de réadaptation Constance-Lethbridge songe – alors qu’il avait tourné le dos à une telle option- à une fusion avec le Centre de réadaptation MAB-Mackay. Cette décision constituerait une volte-face à la fusion, initialement prévue, avec trois centres de réadaptation francophones. Au coeur des tractations, l’enjeu linguistique ravive des tensions importantes.
Une saga de longue date
Initialement, le centre de réadaptation Constance-Lethbridge (CRCL) avait pris la décision d’entamer une fusion volontaire avec le centre de réadaptation MAB-Mackay. Le 24 juillet dernier, le conseil d’administration a affirmé avoir révisé sa stratégie et a confirmé par voie de communiqué que sa mission sera plutôt réalisée via une fusion avec le Centre de réadaptation Lucie-Bruneau, l’Institut de réadaptation Gingras-Lindsay-de-Montréal et l’Institut Raymond-Dewar.
Ainsi, le conseil d’administration du CRCL, affirmait, il y a peine huit mois, que : «En désirant nous joindre à la démarche de fusion volontaire avec le Centre de réadaptation Lucie-Bruneau, l’Institut de réadaptation Gingras-Lindsay-de-Montréal et l’Institut Raymond-Dewar, nous sommes confiants de pouvoir ainsi contribuer à bonifier une offre de services de qualité pour la clientèle en déficience physique ainsi qu’à l’avancement de la recherche et de l’enseignement..»
Le projet semblait solide et la direction a signifié avoir entamé le processus [1]. Le hic, c’est que le CRCL fusionnerait avec trois centre de réadaptations, tous francophones et que la désignation anglaise des services serait compromise, selon certains groupes de pression.
Silence radio à Constance-Lethbridge
La reconsidération actuelle fait suite à une chaîne d’événements. Le 3 septembre dernier, une séance du conseil d’administration de Constance-Lethbridge, s’est déroulée de façon houleuse et a pris une tournure inattendue, ravivant des frustrations en lien avec des enjeux fusionnels.
Question de calmer le jeu, le conseil d’administration devait publier un communiqué à destination des médias, la semaine dernière. L’issue de la réunion devait y être dévoilée. Silence radio depuis, puisque ni le conseil, ni sa présidente Françoise Rollin, n’ont publiquement communiqué d’informations.
Selon des sources au sein du conseil d’administration, Mme Rollin est largement favorable à une fusion avec les trois institutions francophones.
«À nouveau, toutes les options sont sur la table.» C’est en ces mots que Barbara Rosenthal résumé la situation au quotidien The Gazette [2].
Ergothérapeute à la retraite et membre du conseil d’administration, Mme Rosenthal est restée vague quant aux décisions à venir tout en laissant la porte ouverte à plusieurs avenues. Elle a participé à la rédaction du communiqué qui devait être publié jeudi dernier, insistant sur un contenu bilingue.
Soins en anglais compromis
Les craintes soulevées par des organisations défendant les droits linguistiques des Anglophones ne seraient pas déconnectées des perceptions du milieu. Dr. David Eidelman, doyen de la faculté de médecine de l’Université McGill, redoute les impacts d’un tel choix.
En marge du débat, Dr. Gaétan Barette a avoué préférer – sur le plan personnel – une fusion de Constance-Lethbridge avec MAB-Mackey [3]. Il a qualifié la fusion le CRCL et MAB-MacKay de plus «plus naturelle».
À compter d’avril 2015, plusieurs institutions de la région de Montréal devront fusionner. Pour des raisons financières, ces mesures viseront une optimisation de la structure administrative en centralisant certaines activités décisionnelles.
Peu importe la décision prise par la direction du CRCL, elle doit être approuvée par le Ministère de la Santé et des Services sociaux.
Christine Boyle, directrice générale de MAB-Mackay, n’a pas non plus reçu de nouvelle de Constance-Lethbridge depuis la séance du conseil d’administration de la semaine dernière.
Malgré tout, elle demeure en faveur avec d’une fusion avec Constance-Lethbridge, tout en précisant que celle-ci ne se fera pas sans remous avec l’équipe de direction actuellement en place.
Une séance du conseil d’administration de MAB-Mackay se déroulera ce jeudi.
Centre de réadaptation Constance-Lethbridge
Fondé en 1937 dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce, Constance-Lethbridge est la seule institution québécoise offrant des soins de réadaptation en anglais, à des patients atteints de déficiences motrices.