Tour de piste sur le circuit de l’innovation
De coureur d’élite à l’échelle internationale à entrepreneur, David Gill, président de Phydeo, n’a jamais lésiné sur les sacrifices personnels pour mener à bout ses rêves. S’il a troqué ses souliers de course pour un iPad, au cours des dernières années, c’est pour développer des outils novateurs qui aspirent à bousculer les façons de faire auprès des professionnels de la santé.
Son dernier projet, c’est Phydeo, une start-up qu’il a fondée à Québec. Il y a quelques heures, elle vient de dévoiler le lancement d’une application mobile qui aspire à optimiser la prescription d’exercices en physiothérapie via la capture vidéo. Pour atteindre son but, il a travaillé de concert avec des développeurs, graphistes et physiothérapeutes, incluant Blaise Dubois. Portrait d’une entreprise ambitieuse, mais surtout, d’un passionné qui inspire.
Le tour de piste de David Gill
D’entrée de jeu, David Gill n’est pas physiothérapeute. Mais c’est comme si. Au cours de sa longue carrière de coureur, il a évolué dans des compétitions nationales et internationales tout en étant membre du Club d’Athlétisme du Rouge & Or de l’Université Laval. Parce que rêve olympique rime avec dépassement et blessures, il est traité en physiothérapie depuis le début de sa carrière.
Sa fibre entrepreneuriale jaillit en pleine préparation pour Jeux olympiques de 2008 à Beijing. Entre ses entraînements, il parvient à élaborer un outil permettant de faciliter l’entraînement, tant pour les athlètes que pour les entraineurs. Six ans plus tard, TotalCoaching compte 40 000 usagers répartis à travers le globe.
Malgré ce succès, rares sont les physiothérapeutes qui utilisent son produit. Que ce soit par manque de temps ou par la présence d’un nombre élevé de fonctionnalités qui ne leur sont pas essentielles, de nombreuses raisons peuvent expliquer la faible adoption du produit chez les physiothérapeutes.
« Le fait est que les physiothérapeutes n’ont pas le temps d’utiliser des banques d’exercices. »
Les échos du milieu lui permettent de réaliser qu’un outil complexe est trop lourd pour le rythme de pratique. « J’ai réalisé que la majorité des physiothérapeutes finissent par gribouiller des exercices sur une feuille. Les patients perdent souvent cette dernière et c’est un frein majeur au rythme de réadaptation. »
Une prescription d’exercices personnalisée
À première vue, l’application Phydeo peut sembler simpliste. Pourtant, c’est précisément l’objectif.
« Je voulais créer un produit simple, esthétiquement attrayant et dépouillé au niveau de la complexité. Cela ne veut pas dire que les efforts investis sont moindres, au contraire. Mais nous sommes partis d’une carte blanche avec la volonté que la présentation soit minimaliste. »
Entièrement gratuite, l’application permet aux physiothérapeutes de filmer son patient en train de réaliser un exercice, tout en lui dictant les paramètres, progressions et compensations à éviter. Après coup, le patient entre son courriel et reçoit directement un lien vers une page sécurisée contenant les vidéos.
« Parce que chaque patient est différent et qu’aucune base de données d’exercices ne peut lui être aussi fidèle, nous croyons que de le filmer pendant la réalisation de l’exercice est la meilleure façon de prescrire. Sur la vidéo, il pourra voir des instructions relatives à sa réalité, à ses particularités anatomiques et ses compensations à lui. »
C’est justement là que Phydeo détone de l’ensemble de la compétition. Au lieu de fournir des bases de données comptant des milliers de suggestions d’exercices avec des instructions écrites standardisés, l’application permet de personnaliser la prescription d’exercice comme jamais. La médecine personnalisée est une tendance lourde dans l’industrie de la santé et Phydeo est la première entreprise, à notre connaissance, à implémenter ce concept dans le domaine de la prescription d’exercices.
Un hébergement sécurisé
Et qu’en est-il de la confidentialité, de la protection de la vie privée et de la sécurité des vidéos enregistrés?
« C’est un des aspects sur lesquels nous avons mis beaucoup d’énergie. Les vidéos filmés avec Phydeo ne sont pas stockés sur le téléphone ou la tablette du physiothérapeute. Toutes les données sont hébergées sur nos serveurs et il n’y a donc pas de risque pour la vie privée des patients. De plus, puisqu’ils entrent eux-mêmes leur courriel au moment de l’envoi, cela permet de simplifier les enjeux d’ordre légal. »
Voilà donc un aspect intéressant de l’application qui permet d’éviter l’envoi de courriel volumineux. Le patient ne recevra pas les vidéos en pièce jointe, mais plutôt intégrée à même une page à la présentation visuelle appréciable et au look épuré.
Un développement des affaires pris en compte
« On permet aux cliniques de développer leur image de marque en ayant une page unique à leur effigie. Le patient a un accès direct aux coordonnés de la clinique et aux services offerts à son physiothérapeute. Par exemple, il pourra directement appeler la clinique s’il a des questions en réalisant ses exercices. »
La personnalisation offerte par Phydeo est donc duelle puisque l’application permet aux cliniques privées de personnaliser la page reçue par le patient. Implémenter son image de marque est donc facilement réalisable, moyennant un coût minimal.
« Nous avons fait le choix d’offrir un forfait gratuit qui offre accès à toutes nos fonctionnalités. Puis, les cliniques peuvent décider de choisir un abonnement payant, exempt de publicité. »
Des visées internationales
À l’heure actuelle, plusieurs cliniques du Québec utilisent Phydeo en projet-pilote. L’application est disponible sur iOs et Android. M. Gill rêve au-delà des frontières. Il a déjà noué des ententes des distributions à l’échelle nationale et internationale. Évidemment, l’entreprise vise une profitabilité à moyen terme.
« Et si Phydeo était utilisée à l’échelle internationale par des milliers de patients ? Je pense que ce serait une réalisation extrêmement stimulante que de savoir que nous faisons une différence dans la vie des gens, partout dans le monde. »
Visiblement, David Gill garde l’esprit de compétition qui alimente les athlètes de haut niveau. S’il a laissé la piste de course, c’est peut-être pour une tout autre compétition. Cette fois-ci, il semble vouloir courir encore plus vite. Et surtout, au-delà des frontières.