Mes débuts en tant que physiothérapeute
144 crédits, 10 sessions et 4 années et demie plus tard, je suis maintenant fier d’être officiellement physiothérapeute. Pour mener à terme cet objectif, la passation des examens, la réussite de l’ÉCOS et la présentation de mon essai de maîtrise sont les différentes étapes nécessaires à l’Université Laval.
Or, au-delà de mes efforts académiques, il me fallait aussi choisir un milieu de travail qui conviendrait à mes valeurs, comme décrit lors de ma première chronique. Malgré toute cette préparation, une adaptation à mon intégration au marché du travail était à prévoir.
Et, au fait, concrètement, le pas à franchir entre la formation académique et la pratique clinique, en quoi consiste-t-il ? Les prochaines lignes font la description de mon humble expérience de jeune diplômé qui entre dans la vie d’adulte (rires).
Terminer en beauté
Comme écrit plus haut et lors de ma plus récente chronique, mon parcours universitaire s’est terminé à la mi-décembre à l’Université Laval avec la présentation orale de mon essai de maîtrise, une revue systématique sur les interventions en physiothérapie chez les adultes présentant une épicondylalgie latérale en stade subaigu ou chronique.
En terme d’implications cliniques, il m’est permis de conclure que des évidences de niveau faible à modéré provenant de plusieurs ECR démontrent que l’ajout d’exercices (étirements, renforcement (excentrique > concentrique), automassage) améliore la condition globale du patient avec une épicondylalgie latérale comparée à d’autres interventions, au repos ou à un placebo.
Qui plus est, le renforcement isométrique hâtif semble supérieur à la prise d’anti-inflammatoires non stéroïdiens. Des évidences de niveau faible supportent le traitement comportant les mobilisations avec mouvements pour améliorer la force de préhension comparé à un placebo. Des évidences de niveau très faible supportent le shockwave afin de diminuer l’intensité de la douleur et d’améliorer la fonction du membre atteint à court terme, lorsque combinées à des exercices.
Toutefois, il n’existe pas suffisamment d’évidence pour supporter l’efficacité et donc l’utilisation d’ultrason thérapeutique, de microcourant et de mobilisations neurales comme traitements pour cette condition.
Deux jours plus tard, c’était le bal de graduation de ma cohorte; une magnifique soirée où tout le monde resplendissait, un moment parfait pour se rappeler de bons souvenirs. C’est bel et bien une très belle page qui se tournait ! D’autre part, comme je fais partie d’une génération où la qualité de vie prédomine sur bien des aspects, j’ai retardé mon arrivée sur le marché du travail par une semaine complète de vacances !
J’ai cru bon de recharger les batteries avant mes débuts en clinique afin de m’assurer de délivrer 100% de mes capacités auprès de mes patients.
Entamer un Noël mémorable
23 décembre 2014, dernière journée avant de commencer à travailler. Eh oui, ma première journée en tant que physiothérapeute sera un 24 décembre. Impossible pour moi de ne pas m’en rappeler !
Personnellement, afin de me sentir à l’aise lors de ma première journée de travail, j’ai consulté les feuilles d’évaluation afin de me familiariser avec ces formulaires pour mes premières évaluations. De plus, j’ai consulté les dossiers des patients à qui j’allais administrer un traitement (en remplacement de collègues qui prenaient cette journée afin de préparer les célébrations de Noël !) pour être sûr d’être prêt, à l’aise.
La journée s’est finalement bien déroulée, les subséquentes aussi. Évidemment, le niveau de stress augmente un peu comparé aux stages cliniques puisqu’il n’y a pas de superviseur à portée de main. De plus, ce ne sont pas chacun de mes faits et gestes qui sont évalués et donc, je dois avoir confiance envers les techniques utilisées et les conseils prodigués, puisque personne ne me corrigera si jamais je me trompe ; du moins, pas tout de suite!
Pour le reste, malgré le niveau exigeant de réflexion constante que demande la profession de physiothérapeute, je crois qu’il faut garder en tête que l’on traite des humains et non des pathologies et que ce facteur est primordial à prendre en considération lors de l’évaluation et du traitement.
Petit à petit, j’apprivoise mes nouveaux milieux de travail (je travaille à deux sites différents, l’un à Ste-Foy, l’autre à Cap-Rouge). J’apprends aussi à connaître mes nouveaux collègues, que ce soit en clinique ou lors d’activités sociales ou sportives organisées entre nous.
Cortex, Médecine et Réadaptation constitue une clinique interdisciplinaire traitant les dysfonctions reliées au traumatisme craniocérébral léger (TCCL). J’ai donc dû prendre du temps afin de bonifier mes connaissances quant aux dysfonctions reliées au TCCL et à la gestion de ces dernières. Il est important de savoir faire de bonnes recommandations et de bien gérer en équipe chaque situation dans leur contexte.
Développer une expertise
Parlant de parfaire ses connaissances, malgré le fait que je viens tout juste de terminer un continuum baccalauréat-maîtrise d’une durée à peine inférieure à cinq ans d’université, cela ne m’empêche pas de vouloir toujours approfondir et élargir mon champ de connaissances, d’expertise dans mon domaine.
Je crois que c’est vraiment nécessaire comme professionnel de la santé de toujours rester à jour au niveau des évidences scientifiques et de se faire former continuellement, entre autres d’un point de vue pratique.
C’est ainsi qu’au début du mois de février, je démarrais mon parcours avec le cours Quadrant 1 de l’Association Québécoise de Physiothérapie Manuelle Orthopédique (AQPMO).
La formation consiste en quatre jours complets de formation théorique et (surtout) pratique avec un examen théorique et une histoire de cas à compléter lors de la dernière journée. Le tout s’est bien déroulé, j’applique déjà beaucoup de choses en clinique à propos de cette formation et j’ai déjà hâte au cours de Quadrant 2 à l’automne !
Penser au-delà des patrons cliniques
Il est à noter que les patients ne nous arrivent pas toujours avec une blessure tirée des livres de physiothérapie. Certaines blessures sont plus complexes à diagnostiquer et à traiter. Le retour au sport du patient peut être tout aussi difficile. Je m’en suis rendu compte assez vite lors de mon arrivée dans le monde de la réadaptation.
C’est à ce moment qu’il est primordial de compter sur le support et le mentorat d’une équipe interne. Il n’est pas rare de discuter avec un autre physiothérapeute afin de confirmer que ce qui a été fait était approprié, ou encore que la progression envisagée du traitement est adéquate.
Cela peut se transporter à l’évaluation où il est possible de demander à un collègue de venir réévaluer quelque chose. Ceci est aussi vrai lorsque l’on veut confirmer une rupture de ligament ou la suspicion d’une thrombophlébite que lorsqu’on atteint un plateau thérapeutique, par exemple.
Garder un équilibre
Puisque je cherche à améliorer mes connaissances théoriques et pratiques, mais surtout parce que plusieurs patients n’ont pas un patron clinique typique, je plonge souvent dans des lectures, qu’elles soient dans mes livres ou sur les bases de données scientifiques, afin d’aller y chercher de l’information complémentaire.
Évidemment, cela prend un certain temps hors de la clinique, mais il ne faut pas «virer fou» avec ça.
Il est facile de s’emporter, de s’enfermer dans une bulle physiothérapeutique, mais un équilibre qui comprend activité physique, bonne alimentation, vie amoureuse et sociale reste primordial.
Lors de ma prochaine chronique, j’aborderai les trois mois que j’ai passés au Moyen-Orient – plus précisément au Qatar – dans un hôpital privé, spécialisé dans la médecine sportive : Aspetar. À bientôt !