Samuel Larouche, en toute résilience
Au terme de sa technique en réadaptation physique, Samuel Larouche aspirait à contribuer à la qualité de vie de ses patients. Gymnaste expérimenté et à la nature téméraire, il entamait des études au programme d’ergothérapie de l’Université de Sherbrooke.
Le 11 février dernier, il s’entraînait au gymnase. En guise de dernier exercice, il a tenté un enchaînement qui consiste en une série de sauts, réalisés au sol et dans les airs. Ce que les gymnastes appellent un arabian. En soit, rien d’inhabituel pour cet acrobate qui a autrefois performé à l’échelle provinciale et nationale.
Atterir de plein fouet
Son atterrissage s’est fait tête première au sol. Les vertèbres C6 et C7 ont subi une fracture instantanée et sa moelle épinière était touchée. Sa réaction première fut de demander immédiatement une stabilisation cervicale. Ses réflexes de TRP n’avait vraisemblablement pas disparus.
En entrevue au Nouvelliste [1], il détaille les péripéties de son aventure. «Je donnais les ordres. Je disais aux gens présents que j’avais la C6 et la C7 touchées, que mon cou était cassé.»
Il perd conscience et est transporté par ambulance. Sur place, les médecins procèdent à une évaluation de sa condition neurologique. Il n’a pas eu besoin de leur avis ni de se faire dire que, désormais, la marche serait impossible.
«Je m’étais déjà diagnostiqué», affirme-t-il. Ce qu’il n’a pas soupçonné, c’est une lésion complète de sa moelle. Elle a nécessité une greffe. Il passe sous le bistouri à deux reprises. La mise en place de deux tiges au niveau vertébral, en plus d’une greffe osseuse, nécessite 10 heures d’opération.
Vivre en toute résilience
Ses capacités respiratoires sont limitées à moins de 50%. Les mouvements volontaires sous les niveaux C6-C7 sont absents. Sa mobilité se réalise exclusivement par l’entremise d’un fauteuil roulant. Malgré tout, un organe demeure intouché : son cerveau.
«Je ne voulais pas une vie comme celle-là, mais tant qu’à être obligé, je vais vivre du mieux que je peux. Je vais avoir une qualité de vie agréable», ajoute-t-il. Après tout, il a survécu. Par-dessus tout, il sait mieux que quiconque que la réadaptation permet de redonner une qualité de vie exceptionnelle.
Sa motivation, empreinte de résilience, lui confère des forces qui propulsent sa réadaptation. Il refuse de s’apitoyer et affirme que «la dernière chose que je veux, c’est de faire pitié.»
Épater les experts
«Avant, j’étais dans le bureau et j’aidais les patients dans leur réadaptation. Maintenant, je suis sur le lit.»
Ce lit, c’est celui de l’Institut de réadaptation en déficience physique du Québec [2]. Samuel Larouche y a séjourné au cours des dernières semaines. À partir du mois prochain, ce sera sa demeure. Il entamera une réadaptation intensive pour une durée de 12 mois. Déjà, il s’est fait remarqué par l’équipe médicale en poste.
«À l’IRDPQ, ils m’appellent le quadriplégique de luxe. En 15 ans, le physiatre qui me traite n’a jamais vu évoluer quelqu’un rapidement comme ça!»