La physiothérapie animale en croissance fulgurante
La physiothérapie animale fait l’objet d’une croissance remarquable depuis les cinq dernières années. La hausse est attribuable à la dévotion qu’ont les propriétaires envers leurs petites bêtes, mais également au fait que les vétérinaires sont de plus en plus sensibilisés aux bénéfices de la réadaptation animale. Les interventions sont variées et peuvent avoir lieu suite à des blessures, mais également dans des contextes pré et post-opératoires.
Selon Kirk Pech, un physiothérapeute à la tête de la division de réadaptation animale de l’American Physical Therapy Association, le phénomène est également attribuable à un développement de la pratique spécialisée avec la clientèle animale. Selon lui, les cliniciens ne savaient trop que faire des blessures animales.
La littérature se faisait rare et il était très difficile d’établir des programmes de traitements efficaces. Surtout, l’établissement d’un pronostic en physiothérapie était une préoccupation importante à laquelle il était beaucoup plus complexe de répondre.
Traitements variés
Les avenues thérapeutiques sont à peu près les mêmes que celles normalement explorées avec la clientèle humaine. Ainsi, programme d’exercices, renforcement musculaire et étirement prolongés sont au menu pour régler les déficiences d’origine musculaires. La thérapie manuelle est également une partie intégrante de la réadaptation, tout comme la thérapie par laser.
Il est également intéressant de mentionner que les outils thérapeutiques et exerciseurs traditionnels ont des équivalents pour la clientèle animale. Par exemple, des tapis roulants adaptés pour chiens ou des planches d’équilibre sur mesure sont en vente libre un peu partout.
La vaste majorité des animaux traités sont des chiens, des chats et des chevaux. Dans le dernier cas, la réadaptation adopte une tangente sportive puisque les animaux sont souvent appelés à performer dans le cadre d’événements sportifs d’envergure.
Vétérinaires sensibilisés
Felix Duerr, un physiothérapeute pratiquant en réadaptation animale, affirme que : «Grâce à la littérature scientifique et la recherche sur la réadaptions animale, les vétérinaires reconnaissent les bénéfices associés à la physiothérapie pour animaux. Non seulement peut-elle être bénéfique en post-opératatoire, mais elle peut contribuer à la prévention, ce qui permet d’éviter des chirurgies. »
Selon Sasha Foster, une physiothérapeute ayant mis sur pied un programme de réadaptation animale, les propriétaires d’animaux considèrent les petites bêtes comme des parties intégrantes de leur famille. Elle affirme : «Ce que nous faisons véritablement, c’est améliorer la qualité de vie d’un membre de la famille. Conséquemment, nous améliorons donc la qualité de vie de toute la famille, ce qui est extrêmement valorisant.»
Évidemment, la prise en charge est différente. Bien sûr, l’anatomie est différente, mais le développement d’une relation thérapeutique est un enjeu qui requiert un intérêt sincère envers ces patients à quatre pattes. La créativité donc être de mise pour la mise en place d’exercices favorisant l’observance et la collaboration du patient.
Finalement, un des défis demeure de savoir si l’animal en question se sent soulagé. Mais selon Mme Foster, c’est peut-être même plus facile à déceler avec des animaux. «Un chien ne nous dira pas qu’il se sent soulagé. Il ne nous dira pas qu’il peut désormais faire des sauts ou des squats. Il sautera simplement», affirme-t-elle en guise de conclusion.
Division de réadaptation animale
Au Canada, l’Association Canadienne de Physiothérapie reconnaît l’importance de cette pratique spécialisée. Ainsi,la division de Réadaptation animale (DRA), regroupe des physiothérapeutes préoccupés par le bien-être des chiens et chevaux. En plus de défendre les droits de physiothérapeutes spécialisés en réadaptation animale, la division offre des possibilités de formation aux États-Unis, des rabais sur le matériel thérapeutique et du mentorat aux candidats intéressés.
La division recense un total de 25 physiothérapeutes canadiens pratiquant avec une clientèle animale. Au Québec, une seule est recensée. Il s’agit de Sylvie Marcotte, physiothérapeute et détentrice du titre de FCAMPT (Fellow of the Canadian Academy of Manipulative Physiotherapy).
Du côté des vétérinaires, Dre Joanne Corbeil est à la tête du premier centre de physiothérapie animale au Québec. Après sa formation en médecine vétérinaire, elle a suivi une certification en réadaptation canine à l’Université du Tennessee. Passionée de la réadaptation animale dans le cas des atteintes neurologiques et orthopédiques, elle est rattachée à la faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal