La NFL utiliserait des analgésiques pour camoufler les blessures
Plus de 500 anciens joueurs de la NFL accusent l’organisation d’avoir fait un usage illicite d’analgésiques dans le but de camoufler des blessures sportives. Ces accusations sont portées par plusieurs plaignants, incluant Jim McMahon (quart-arrière), Richard Dent (allier défensif) et Keith Van Horne (joueur de ligne offensive).
Aux prises avec des démêlés judiciaires en lien avec une prise en charge défaillante des commotions cérébrales, la Ligue nationale de football est à nouveau confrontée par des athlètes retraités qui doivent composer avec les séquelles héritées suite à leur carrière. Une fois de plus, les joueurs précisent que leur santé a été compromise dans le but de satisfaire une seule priorité : les profits.
L’arsenal médicamenteux de la NFL comprenant des anti-inflammatoires (Ketorocal, Toradol), des anti-douleurs (Vicodin, Perocet, Oxycondin) et des somnifères (Ambien). Souvent, les comprimés étaient combinés et mélangés pour créer des «cocktails thérapeutiques».
Kyle Turley est un ancien joueur de ligne offensive et un des dépositaires de la poursuite. Au cours de sa carrière d’une dizaine d’année auprès des Saints de Nouvelle-Orélans, des Rams de St-Louis et des Chiefs de Kansas City, il a été témoin de la situation dans toutes les organisations sportives et il la résume ainsi : «Les médicaments étaient donnés comme des bonbons à l’Halloween.»
AINS sans prescription
Selon les plaignants, c’est toute l’équipe médicale qui aurait été complice dans cette affaire, des médecins aux soigneurs. Ces derniers auraient administré, sans ordonnance, des analgésiques et diverses substances, afin de soulager les athlètes et accélérer le retour au jeu des blessés. Les joueurs n’auraient pas été informés des risques secondaires associés aux substances.
Steven Silverman [1], un avocat qui représente les intérêts des plaignants, précise que : «La NFL était au courant des effets secondaires de ces médicaments sur tous ces joueurs. Poussée par son entêtement à les pousser à revenir au jeu, elle a ignoré la santé à long terme des athlètes.»
De son côté Jim McMahon rapporte que malgré un diagnostic de fracture cervicale, la NFL l’encourageait à poursuivre ses entraînements en consentant à un retour au jeu immédiat, tout en lui offrant des médicaments pour soulager ses douleurs. Il prétend que ni les médecins, ni les soigneurs de l’équipe, ne l’ont informé quant à la nature de sa blessure. Lorsqu’il a souffert d’une fracture à la cheville, le même mécanisme se serait répété et l’aurait mené à consommer plus de 100 comprimés d’Oxycodone par mois.
Rapidement, il a développé une dépendance grave et n’a pu cesser ses habitudes de consommation. C’est ainsi qu’il s’est mis à consommer quotidiennement, même au cours de la saison morte.
Fractures non-divulguées
Les signataires de la poursuite affirment à l’unanimité que les diagnostics transmis aux athlètes étaient volontairement erronés, tronqués ou falsifiés, de façon à ne pas faire connaître la précarité de leur condition physique. C’est ainsi que plusieurs joueurs rapportent avoir été invité à consommer des analgésiques en abondance, sans savoir que les radiographies démontraient clairement des signes de fracture osseuse.
Ils rapportent que l’équipe médiale de la NFL préférait les gaver d’AINS plutôt que de procéder à des chirurgies, pour minimiser les absences aux matchs. Aujourd’hui, des centaines d’entres eux affirment être dépendants aux analgésiques.
Keith Van Horne, un choix de première ronde et gagnant du Superbowl XX avec le Bears de Chicago en 1985, rapporte un incident déroutant en dévoilant avoir disputé une saison entière alors qu’il souffrait d’une fracture à une jambe : «J’ai disputé une saison entière avec une fracture à ma jambe. On ne m’a informé de la situation que cinq ans plus tard, période durant laquelle j’ai été soumis à un régime constant de médicaments pour traiter la douleur.»
Roger Goddell, comissaire de la Ligue nationale de football, a refusé de commenter le dossier et a fait remarquer que les avocats du circuit n’étaient pas encore au courant de la poursuite.
Le retour au jeu risqué
Il y a quelques mois, la NFL a accepté de verser une somme record de près de 800 millions $ suite à un recours collectif instigué par d’anciens athlètes [2]. Ils ont pu démontrer que la NFL camouflait volontairement les risques de commotions cérébrales et préconisait un retour au jeu précoce.
L’affaire a éclaté lorsque plusieurs athlètes à la retraite ont noté souffrir de trouble de santé mentale, de problèmes de concentration et de démence précoce.