Baisse de mortalité des patients admis en traumatologie au Québec
Le taux de mortalité des patients admis dans les centres de traumatologie du Québec a diminué de 28 % au cours des quinze dernières années, révèle une étude menée par des chercheurs de la Faculté de médecine de l’Université Laval et du Centre de recherche du CHU de Québec.
Les progrès enregistrés permettent de sauver annuellement 200 personnes de plus qu’en 1999, estiment les chercheurs dans une récente édition de la revue spécialisée World Journal of Surgery [1].
Au tournant du virage ambulatoire
Jusqu’au début des années 1990, les victimes d’accidents de la route, de chutes graves, de blessures par armes ou d’autres accidents étaient transportées à l’hôpital le plus proche où le personnel tentait, avec les ressources disponibles, de leur sauver la vie.
À partir de 1993, un réseau intégré de centres régionaux de traumatologie a été progressivement mis sur pied au Québec. Ce réseau comprend aujourd’hui 57 centres pour les patients adultes vers lesquels sont dirigées aussi vite que possible les victimes de traumatismes.
L’équipe de recherche dirigée par la professeure Lynne Moore a utilisé le registre des traumatismes du Québec pour quantifier la performance de ces centres depuis qu’ils sont pleinement opérationnels. Les analyses, qui ont porté sur les 163 000 victimes de traumatismes traités entre 1999 et 2012, montrent que le taux de mortalité annuel est passé de 5,8 % à 4,2 % pendant cette période, soit une baisse de 28 %. Concrètement, cette amélioration signifie que les équipes médicales sauvent maintenant 200 personnes de plus chaque année.
Les chercheurs ont noté que le nombre annuel d’admissions dans le réseau a grimpé progressivement de 9 500 à 13 000 pendant la période étudiée. « Cette hausse résulte de deux facteurs, souligne la professeure Moore. D’une part, les blessés sont dirigés directement vers les centres spécialisés en traumatologie plutôt que vers les autres hôpitaux. D’autre part, il y a plus de personnes âgées dans la population et elles sont plus sujettes aux traumatismes. En 1999, les patients de 65 ans et plus représentaient 32 % des admissions. En 2012, ils formaient presque 53 % des cas. »
Par ailleurs, la durée du séjour à l’hôpital est passée de 9,5 jours à 8 jours pour l’ensemble des patients admis dans les centres de traumatologie, sans que les taux de complication ou de réadmission en souffrent. Cette réduction des hospitalisations a généré des économies de l’ordre de 6,3 M$ en 2012.
« Avec le temps, le système de soins aux victimes de traumatismes s’est amélioré, résume Lynne Moore. Les patients sont dirigés plus rapidement vers les centres qui disposent de l’équipement et de l’expertise pour bien les soigner et les stratégies de traitement sont meilleures, ce qui permet de sauver plus de vies et de raccourcir la durée d’hospitalisation. »
Outre Mme Moore, les coauteurs de l’étude sont Alexis Turgeon, François Lauzier, Marcel Émond, Simon Berthelot, Julien Clément, Gilles Bourgeois et Jean Lapointe, de la Faculté de médecine de l’Université Laval et du Centre de recherche du CHU de Québec.