Fusillade de Tucson : La physiothérapie au service de Gabrielle Giffords
Gabrielle Giffords est une des victimes de la fusillade de Tucson qui a siégé comme représentante démocrate de 2007 à 2012. Suite à l’attaque, une balle s’est logée dans son crâne alors que l’assaillant a fait six victimes.
Dans le New York Times, elle signe un témoignage émouvant en énonçant de quelle façon ses séances de physiothérapie lui ont permis de dégager des leçons quant à son activisme. Nous vous proposons une traduction libre ci-bas.
Aujourd’hui, jour de l’anniversaire de la fusillade de Tucson qui m’a mise une balle à travers la tête et a tué six de mes électeurs, est la journée pendant laquelle je prends mes résolutions annuelles.
Plusieurs pourraient me regarder et noter ce que j’ai perdu. Je peine à parler, ma vision n’est pas excellente, mon bras droit et ma jambe sont paralysés et j’ai perdu mon emploi que j’aimais, en tant que représentante du sud de l’Arizona au Congrès américain.
Mais il y a trois ans, confrontée à une mort presque certaine par la balle d’un assassin, j’ai eu droit à une opportunité d’accéder à une nouvelle vie. Pour ma quarantaine, j’avais prévu continuer à travailler dans la fonction publique et fonder une famille. Je pensais qu’en luttant pour les gens qui comptaient pour moi et qu’en aimant mes proches, je pourrais quitter ce monde en l’ayant amélioré. Puis ce serait suffisant.
À la place, j’ai passé ces trois dernières années à apprendre à parler de nouveau, à marche à nouveau. J’ai du apprendre à signer mon nom de ma main gauche. C’est exigent, douloureux, frustrant, quotidien. La réadaptation est incessamment répétitive. Et ce n’est jamais facile, parce qu’une fois que vous avez maîtrisé un mouvement ou une action ou un mot, aussi futile soit-il, vous devez passer au suivant. Vous ne vous reposez jamais.
Je me suis demandé : si compléter une journée normale demande autant d’effort, comment serais-je en mesure d’aspirer à une mission plus imposante ? Il y un peu plus d’un an, la mort d’enfants dans une école de Sandy Hook m’a donné une réponse. Cela m’a choqué, m’a motivé et m’a montré un chemin. Après ce jours, mon mari et moi avons fait une mission personnelle de lutter pour un changement des lois et une réduction de la violence par les armes en accord avec nos valeurs modérées et notre statut de propriétaire d’armes. Nous savions que ce ne serait pas facile, que des circonstances particulières étaient en notre défaveur et que la dysfonction du congrès était un ennemi.
Tel que prévu, Washington nous a déçu durant la première année de notre travail au coeur de l’organisme que nous avons lancé, Americans for Responsible Solutions. Plusieurs d’entre vous, tout comme moi, ont été outrés du refus du Sénat de consentir à une loi vérifiant l’antécédent des propriétaires d’armes.
Mais j’ai continué d’être inspirée par mes concitoyens. Ils savent que la violence par les armes est un problème complexe. Une loi seule ne peut la faire disparaître.
Nous ne sommes pas dupes. Nous savons que le lobby des armes, qui génère des profits en prévenant des changements, utilise des drames pour réduire notre pouvoir et nous faire reculer.
Notre combat ressemble beaucoup à ma réadaptation. À chaque jour, nous devons nous réveiller avec détermination. Nous payons attention aux détails ; recherchons des opportunités de progrès, même lorsque le rythme est plus lent. Certains progrès peuvent paraître minimes, et nous pourrions nous demander si leur impact suffit, alors que les besoins sont urgents.
Mais à chaque jour nous recrutons quelques alliés de plus, parlons à quelques élus de plus et arrivons à convaincre quelques électeurs de plus. Certains jours, les pas viennent facilement ; nous sentons le vent nous souffler dans le dos. À d’autres moments, nos genoux tremblent. Nous nous épuisons du fardeau. Je connais cette sensation. Mais nous persisterons.