Le traitement débute dans la salle d’attente
L’interaction entre un physiothérapeute et son patient, qu’elle soit réalisée par le contact visuel, l’écoute active et le non verbal, est presque aussi importante que le traitement administré, et contribuerait largement à la réduction des douleurs de consultation. C’est ce que révèle une étude menée par Dr. Jorge Fuentes, physiothérapeute et doctorant à l’Université d’Alberta.
La création d’un lien thérapeutique avec les patients est quelque chose qui va de soi pour la plupart des professionnels de la physiothérapie. En plus de permettre le développement d’une relation harmonieuse avec le patient, cela facile l’éducation quant aux exercices et renforce l’adhésion au traitement.
« La façon dont nous administrons les traitements, de nos jours, n’est peut-être pas la meilleure approche. Cela peut-être une des raisons pour laquelle les interventions en physiothérapie peinent à fonctionner dans certaines conditions chroniques. Le contexte thérapeutique, au moment de l’administration du traitement, compte énormément. Nous devons prendre en considération ces facteurs non spécifiques. »
Les résultats présentés à la Conférence de la Société d’étude de la colonne lombaire [1], démontrent que plusieurs aspects communicationnels sont des pierres angulaires dans l’efficacité des traitements chez des patients aux prises avec des problèmes de douleur chronique : écoute active, expression faciale, tonalité de voix.
Dans le cadre de la rédaction de sa thèse de doctorat, Fuentes s’est intéressé à 117 patients souffrant de douleur lombaire chronique. Ils ont été divisés en quatre groupes.
Le premier groupe a été exposé à 5 minutes d’interaction limitée avec un physiothérapeute – évitant le contact visuel et n’engageant pas la conversation avec le patient – avant de recevoir de l’électrothérapie, pendant laquelle le clinicien avait quitté.
Le second groupe a reçu le même traitement d’électrothérapie, selon les mêmes paramètres, mais bénéficiait de la présence continue et active d’un physiothérapeute – aux aptitudes de communication développées – durant l’ensemble de la rencontre de 30 minutes
Le troisième groupe et quatrième groupe ont reçu, respectivement, des interactions limitées et actives, mais un traitement d’électrothérapie pendant lequel l’appareil n’était pas branché. Ce faisant la modalité était simplement un placebo.
À la toute fin, les patients ont été questionnés quant à leur douleur, notamment à l’aide de l’échelle de la douleur, cotée de 1 à 10. Premier constat, les patients qui ont subi un vrai traitement avec un clinicien engagé ont démontré les meilleurs gains. Rien de surprenant en soit.
Ce qui l’est moins, de l’aveu du chercheur, c’est que les patients qui recevaient un traitement de physiothérapie placebo, administré par un physiothérapeute attentif et porté sur la communication, ont rapporté la plus grande réduction des symptômes douloureux. Même les patients qui recevaient un traitement optimal et bien réel, de la part d’un clinicien aux interactions sociales limitées, ne pouvaient en dire autant.
En ordre, les patients ayant le plus haut taux de satisfaction post-traitement étaient :
- Patient exposé à un physiothérapeute interagissant activement et administrant un traitement réel
- Patient exposé à un physiothérapeute interagissant activement et administrant un traitement placebo
- Patient exposé à un physiothérapeute interagissant de façon limitée et administrant un traitement réel
- Patient exposé à un physiothérapeute interagissant de façon limitée et administrant un traitement placebo
Les conclusions ont déjà été présentées à plusieurs réunions et congrès, incluant une session de la Division de douleur chronique de l’Association canadienne de physiothérapie. [2]