Promotion de l’activité physique chez les enfants : pas à n’importe quel prix
Le 19 août dernier, la Société canadienne de physiologie de l’exercice a pris position sur la promotion de l’activité physique chez les enfants et a publié sa vision ainsi que ses recommandations dans la revue Physiologie appliquée, nutrition et métabolisme (PANM).
Cet énoncé de position brosse un tableau important des connaissances sur la question du risque de l’activité physique chez les enfants et propose à la fois des lignes directrices pratiques et un programme de recherche. Cet énoncé de position se penche particulièrement sur les avantages et les risques de l’activité physique chez les enfants.
Mme Pat Longmuir, auteure principale et scientifique au sein du Groupe de recherche sur les saines habitudes de vie et l’obésité (HALO) de l’Institut de recherche du Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario (IR-CHEO), explique les raisons de la mise sur pied de ces travaux :
« Essentiellement, c’était parce que l’on craignait qu’il soit « dangereux » d’inciter les enfants à pratiquer des activités physiques d’intensité élevée, en ce sens que cela pouvait précipiter un arrêt cardiaque en raison d’un problème cardiaque non dépisté (p. ex., l’enfant qui meurt sur la glace en jouant au hockey).
On souhaitait tout aussi vivement encourager la pratique accrue d’activités physiques, y compris les activités d’intensité élevée, sur la base des lignes directrices et des recommandations actuelles pour assurer une santé optimale (60 minutes par jour et activité d’intensité élevée au moins 3 jours par semaine). Nous savions également que les décisions prises à ce sujet reposent souvent sur les propres expériences et croyances de la personne qui prend la décision, car la recherche et les données sur cette question sont pratiquement inexistantes.
Cet énoncé de position avait vraiment un objectif double : 1) préciser qu’il n’existe que très peu de données de qualité sur ce sujet (et des travaux de recherche plus poussés s’imposent); et 2) tant que nous n’aurons pas de données fiables, la recommandation de notre groupe d’experts est de vérifier si un enfant a des restrictions en matière d’activité physique prescrites par un fournisseur de soins de santé avant de lui recommander tout changement dans sa pratique d’activité physique. »
Lori Zehr, présidente de la Société canadienne de physiologie de l’exercice, mentionne ce qui suit :
« La Société canadienne de physiologie de l’exercice appuie fortement la recherche qui a mené à l’élaboration de cet énoncé de position. Les répercussions de l’activité physique sur les enfants ont toujours été un objectif important pour nous, et nos directives en matière d’activité physique et de comportement sédentaire énoncent les recommandations fondées sur des données probantes pour les enfants de la naissance à 17 ans. Nous sommes convaincus que cet énoncé de position met en évidence l’importance de fournir des données qui appuient aussi bien les avantages que les risques de l’activité physique chez les enfants, de même que les risques particuliers liés à leur sédentarité. »
M. Terry Graham, rédacteur en chef de la revue PANM, affirme ce qui suit :
« La SCPE, la voix nationale en matière de physiologie de l’exercice, publie un rapport objectif qui examine non seulement les avantages, mais aussi les risques de l’activité physique. On considère rarement ces derniers chez des personnes aussi jeunes; il peut s’agir de blessures graves ayant des répercussions à long terme sur la santé et, dans de rares cas, d’une mort subite. De nos jours, beaucoup de jeunes enfants sont sous la surveillance de professionnels pendant de longues périodes alors que les deux parents travaillent et de plus, on encourage souvent les enfants à participer à des « camps sportifs » qui requièrent de fournir un effort intense et prolongé. Par conséquent, cet énoncé de position arrive à point nommé et s’applique à notre société. »
Principales recommandations visant la promotion responsable de l’activité physique chez les enfants :
- Les professionnels et les chercheurs qui incitent un enfant à changer de type d’activité physique ou à augmenter la fréquence, l’intensité ou la durée de ses activités doivent vérifier s’il a des restrictions en matière d’activité physique prescrites par un fournisseur de soins de santé avant de lui recommander tout changement;
- Les chercheurs en activité physique doivent donner un degré de priorité élevé à la production de données relatives aux avantages et aux risques liés à l’activité physique et à la sédentarité chez les enfants, particulièrement les risques liés aux modes de vie sédentaires, à l’activité physique associée aux risques de blessures à l’origine du niveau d’activité et à l’efficacité des stratégies de gestion des risques et des méthodes de dépistage actuelles;
- Les professionnels et les chercheurs doivent donner un degré de priorité élevé à la diffusion de l’information concernant les avantages de l’activité physique et les risques d’un comportement sédentaire chez les enfants;
- Les parents et les professionnels doivent inciter tous les enfants à accumuler au moins 60 minutes d’activité physique par jour.