La protectrice du citoyen redoute des injustices sociales
Les compressions budgétaires, annoncées par le gouvernement Couillard, laissent présager des impacts considérables dans l’offre de services publics – surtout dans le secteur des soins de santé et services sociaux – selon Raymonde Saint-Germain, protectrice du citoyen. En marge du dépôt de son rapport annuel, elle énonce des craintes importantes en regard des citoyens le plus vulnérables et craint qu’ils ne fassent les frais de la vague de compression qui déferlera bientôt sur la province.
Mettant en garde le gouvernement contre les séquelles sociales de ces mesures budgétaires, Mme Saint-Germain se questionne et déclare : «Le Protecteur du citoyen a à prendre en considération la réalité des finances publiques. Or, comment, dans un contexte de compressions budgétaires, faire en sorte que ne soient pas enfreints les droits des citoyens?»
«La rigueur budgétaire doit être mise en balance avec les exigences d’une véritable solidarité sociale», affirme Mme Saint-Germain.
Comme chaque année, la protectrice énumère toute une série de lacunes observées dans la prestation de services gouvernementaux, et pointe du doigt le réseau de la santé et des services sociaux, en particulier en ce qui a trait aux conditions d’hébergement déplorables parfois offertes aux personnes souffrant de problèmes santé mentale, de déficience physique ou intellectuelle.
Le rapport documente les cas qui ont nécessité une intervention visant à corriger une injustice sociale. Sauf exception, le document rapporte des lacunes notées de façon à orienter les décideurs politiques, sans positionnement idéologique ou politique.
Officiellement déposé ce matin à l’Assemblée nationale du Québec, l’édition 2013-2014 inclut une mise en garde au premier ministre du Québec, quant aux risques secondaires à l’atteinte des cibles budgétaires et l’élimination de la dette publique. Plus précisément, l’application des modalités financières doit se faire en respect des plus démunis et avec un souci de ne pas générer des iniquités sociales.
Plusieurs services du réseau de la santé sont mentionnés puisque la protectrice du citoyen fait état des conditions d’hébergement désolantes – voire même inacceptables dans certains cas – des personnes souffrant de déficience physique ou intellectuelle et des individus affligés de trouble de santé mentale.
Les situations jugées fondées sont corrigées et des mesures sont adoptées pour éviter des récidives, dans la mesure du possible. La problématique est plus complexe pour la gestion des services aux personnages âgés ou handicapés – jugés comme insuffisant – et l’attente prolongée dans les salles d’urgence.
Le volume de plaintes reçu n’est pas nécessairement corrélé à au travail des fonctionnaires puisque d’autres facteurs entrent en jeu. Sur l’ensemble des plaintes dont a pris connaissance le Protecteur du citoyen, plus de 25% des constats visant l’administration publique ont été jugés fondés, alors que ce taux double pratiquement – rejoignant les 43% – pour le secteur de la santé et des services sociaux.
En hausse de près de 1,5 milliard cette année, le budget du réseau de la santé et des services sociaux se voit tout de même confronté aux mêmes difficultés que dans le passé, malgré une hausse de 5% du financement. Une auscultation rapide des états financiers permet de réaliser que 500 millions, soit le tiers de la hausse, sont en lien avec une hausse de la rémunération des médecins, sans que des gains de productivité ou d’efficience ne soient notés.